UN TABLEAU HISTORIQUE

Œuvre inédite, cette huile sur toile fut présentée par le peintre Joachim Issarti, grand prix de Rome (1836), au Salon des Artistes français de 1844 à Paris, au palais du Louvre, sous le n°3416 et le titre : Le retour de Saint-Cloud à Neuilly, effet de nuit.

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Exceptionnel par son iconographie, ce grand tableau historique est pour la première fois offert à la vente aux enchères publiques depuis son entrée dans les collections de la famille d’Orléans.

Huile sur toile marouflée.

H. 111 cm ; L. 162,4 cm

Monogrammée en bas à droite : J.I pour Joachim Issarti, grand prix de Rome (1836).

Inscription manuscrite au dos sur le châssis : n°3416, correspondant au numéro sous lequel fut exposé notre tableau au « Salon des Artistes français » à Paris, au Louvre, en 1844.

Cadre doré portant cartel à l’inscription peinte en noir sur fond or : Scène nautique représentant une promenade en bateau de / S.M. le Roi LOUIS PHILIPPE / et sa famille.

Excellent état de conservation.

Provenance :

-Présenté sous le n° 3416 au « Salon des Artistes français », à Paris, au Palais du Louvre.

-Acquis par la famille d’Orléans.

-Puis par descendance.

Ce très beau tableau est, par son sujet et ses grandes dimensions, totalement unique dans l’histoire du règne du dernier roi des Français. Cette peinture est la seule connue à ce jour qui représente le roi Louis-Philippe Ier, entouré de seize membres de sa famille, dans l'intimité d’une des activités favorites de la famille royale, dont témoignent nombre de mémorialistes de l’époque, la promenade en barque, après le dîner et au clair de lune sur la Seine, aux abords du château de Neuilly. La lune éclaire de son faisceau de lumière le dos de la coiffe de Madame Adélaïde, vue assise et de dos, nous rappelant que la sœur du roi Louis-Philippe fut sa première conseillère politique. Entouré de ses marins dans leurs canots, le roi des Français et les siens, confortablement installés dans la barque royale à la proue ornée du monogramme couronné du souverain, forment une spectaculaire flottille guidée par son amiral, le prince de Joinville. Par son style et ses différentes ambiances de lumières, notre tableau témoigne également de l’apogée de la peinture romantique en France, au XIXe siècle, et du haut degré d’excellence avec lequel l’ont pratiquée, sous le règne de Louis-Philippe Ier, certains artistes français comme Joachim Issarti, disciples des peintres allemands Caspar David Friedrich et Karl Friedrich Schinkel.  

On peut dater de l’été 1840, la scène de notre tableau, soit peu de temps après le mariage du duc et de la duchesse de Nemours célébré en avril de la même année.  Joachim Issarti a pu commencer notre peinture en 1840 et la terminer au cours des années 1841 et 1842, ceci avant de présenter l’œuvre achevée en 1843 au Jury du Salon des Artistes français pour obtenir leur accord d'y exposer son tableau en 1844. Au moment où Issarti commence à peindre notre tableau, le duc d'Orléans n'est pas encore mort (+1842), en revanche sa sœur, la princesse Marie est déjà morte (+1839). L’artiste a cependant tenu à ce que la princesse soit présente dans la composition du tableau et si nous observons attentivement la scène, à la différence de sa sœur la reine Louise des Belges, qui a le regard dirigé vers ses deux fils relevant un filet de poissons, la princesse Marie ne regarde pas son fils, Philippe de Wurtemberg, qui est pourtant juste à côté d'elle mais pas dans ses bras ou sur ses genoux, l’enfant est représenté dans les bras de sa grand-mère, la reine Marie-Amélie, ce qui est très symbolique quand on sait que c'est justement la souveraine qui s'occupa du son petit-fils, orphelin, après le décès de la princesse Marie survenu en janvier 1839.

Notre tableau fut unanimement salué par les critiques du « Salon des Artistes français » de 1844.

« Le retour de Saint-Cloud à Neuilly, effet de nuit, par M. Issarti, a du charme et plait autant à cause de l’exécution qu’à cause du sujet. L’effet est ménagé avec beaucoup d’intelligence. M. Issarti n’a exposé qu’un seul tableau ; il procède modestement ; c’est ainsi qu’on parvient à obtenir un rang honorable parmi les artistes. » in « Salon 1844, collection des principaux ouvrages exposés au Louvre, publié par M. Challamel, Paris 1844 ».

« La scène nocturne où M. Issarti a placé sur la même barque tous les membres de la famille royale revenant de Saint-Cloud à Neuilly, s’enveloppe d’un effet mystérieux et qui sied à merveille. C’est la nuit avec son calme et sa fraicheur, et, malgré le voile azuré qui couvre tous les personnages, il est impossible de ne pas les reconnaitre aisément. » in « L’indépendant » du 23 mars 1844.

« Le retour de St-Cloud à Neuilly par M. Issarti, offre un joli effet de nuit, rendu d’une manière piquante et vraie. » in « Journal des Beaux-Arts et de la Littérature, XIe année - 1er volume, Paris, 1844. »

Joachim Issarti [ou Issartier, selon l’orthographe et l’usage dans sa région natale en Auvergne] fut un peintre de portraits, de sujets religieux et d'histoire, né à Aurillac en 1814 décédé à Paris en 1862. Il participa à de nombreux salons, et remporta le grand Prix de Rome en 1836 pour son tableau « Le frappement de rocher ». Au salon de 1847 il exposa un tableau intitulé « le duc de Chartres [futur roi Louis-Philippe] accompagné de son frère et Madame de Genlis » pour lequel il reçut les encouragements du roi Louis-Philippe. Issarti dirigea quelques temps les ateliers de peintures religieuses organisées à Paris par l'Abbé Magne. Une grande partie de son œuvre est tombée dans l'oubli car il signait souvent de ses deux initiales : J.I dont la signification a vraisemblablement été perdue avec le temps, laissant certainement un grand nombre de ses tableaux dans l'ignorance qu'il en fut le peintre, si bien qu'aujourd'hui on connait seulement trois ou quatre autres toiles d'Issarti, exposées au musée d'Aurillac dont « Moïse frappant le rocher », commandée à Joachim Issarti par la ville d'Aurillac pour le choeur de la chapelle du collège des Jésuites. Joachim Issarti, et son frère, Louis, également peintre, ont fait l’objet d’une publication scientifique dans la Revue de la Haute-Auvergne en janvier 2018 par Véronique Breuil-Martinez, conservatrice française des antiquités et objets d’art, et Guilaine Pons, conservatrice française déléguée des antiquités et objets d’art.